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C'EST LE MOMENT

  • Photo du rédacteur: Philippe Broda
    Philippe Broda
  • 9 août
  • 4 min de lecture

On a tendance à dire que tout le monde est perdant à la guerre. Les morts et les blessés, leurs familles éprouvées, les destructions témoignent que, sur le plan humain, c’est fatalement vrai. D’un point de vue géopolitique, cela ne l’est pas toujours. Dans la guerre entre Israël et les Palestiniens, chacun peut s’estimer gagnant – et reconnaître le succès de l’autre est utile pour avancer.      

  

Le 7 octobre, le Hamas a incontestablement remporté une victoire. Par son attaque massive, il comptait saturer la capacité de réaction immédiate de l’armée israélienne mais il n’imaginait pas à quel point. Le commandement sud de Tsahal a totalement été paralysé, sans que personne ne vienne prendre le relais à l’état- major. L’armée de l’air a réagi avec une invraisemblable lenteur. Les milliers de participants à la rave party étaient la cerise sur le gâteau, l’opportunité d’une boucherie qui n’avait pas été programmée. Dans ce chaos où les renforts sont arrivés aussi tardivement que de façon anarchique, des actions individuelles de civils et de militaires ont évité une catastrophe bien plus ample. Au symbole du haut mur infranchissable qui a été enfoncé par des bulldozers du Hamas comme du carton-pâte s’oppose le tank miraculeux du festival Nova. L’odyssée homérique d’Ido Somekh, son conducteur, qui avait perdu son équipe et, en cherchant désespérément un endroit où se diriger, a sauvé des dizaines de festivaliers, peut-être deux cents. Arrivé par erreur à la rave party, non sans avoir écrasé un nombre élevé de terroristes sur sa route, son blindé a servi de point d’ancrage au gibier pourchassé.


La victoire israélienne se mesure, comme à chaque guerre, par le simple fait que l’Etat juif existe toujours – le but des Palestiniens étant de le faire disparaître. L’initiative d’un policier qui a positionné des barrages au-dessus de Sdérot et a stoppé la vague de véhicules lancés vers Ashkelon, Ashdod et même Tel Aviv a peut-être été le tournant de la guerre. Yahya Sinwar n’a jamais pensé que le Hamas terrasserait Israël seul mais il misait sur l’entrée en guerre du Hezbollah, le soulèvement de la Cisjordanie, l’intervention de l’Iran et d’autres pays musulmans. Avec des hordes de tueurs semant la terreur dans le centre d’Israël, qui peut dire si tous ces soutiens ne se seraient pas enflammés ? Face au canard sans tête qu’était alors l’Etat hébreu, la tentation aurait été élevée en tout cas. Sans jouer à se faire peur rétrospectivement, ce sont ces éléments qui devront se trouver au cœur de la commission d’enquête à mettre en place après la guerre. En tant que Premier ministre, Bibi Netanyahou ne pourra échapper à ses responsabilités mais il serait injuste qu’il serve de bouc-émissaire. A écouter les officiers sur le terrain le 7 octobre, c’est tout l’état-major qui doit rendre son tablier, pas juste son chef.


Puis il y a eu la suite et, au niveau sécuritaire, la situation d’Israël est désormais excellente. Si le Hamas n’est pas détruit à 100 %, il est considérablement affaibli. Sa capacité de nuisance aujourd’hui se limite à l’envoi sur les localités israéliennes proches de Gaza d’une à deux roquettes hebdomadaires, lesquelles sont systématiquement interceptées. L’arc chiite est hors d’état de nuire : le Hezbollah est en passe d’être neutralisé, le régime syrien est tombé et l’Iran a été bien secoué. Seuls demeurent les Houtis. Dans ce contexte, le refus du gouvernement israélien d’accepter un cessez le feu interroge. Quel intérêt y a-t-il à retarder le retour des otages et à prendre le risque qu’ils meurent en captivité ? De toute façon, même si ce qui reste du Hamas disparaissait par une opération du saint esprit, les Palestiniens se choisiraient un nouveau champion pour atteindre leur objectif. La réponse des adversaires de Netanyahou est connue : le gouvernement poursuit la guerre pour des raisons purement politiques. Cet argument n’est pas faux mais il néglige un point important. Dès qu’un Israélien l’invoque, il intègre lui-même les petits jeux de la politique politicienne du pays. Pour danser le tango, il faut être deux.   


N'y aurait-il pas un intérêt national, enfin si l’on estime que la libération des otages est une priorité, à admettre que, sur le plan militaire, la situation est globalement excellente ? Que Netanyahou en revendique la paternité ne serait pas gênant. Les principales critiques à lui adresser doivent porter sur sa stratégie vis-à-vis du Hamas jusqu’au 7 octobre, pas sur son action ensuite. Or, la plupart de ses opposants politiques préfèrent marteler qu’il n’a pas réussi à démanteler le Hamas contrairement à sa promesse et que, de ce fait, il a échoué dans la conduite de la guerre. En lui reprochant de ne pas avoir tenu cet engagement, tandis qu’ils savent que l’organisation terroriste est au plus bas, ils mettent Netanyahou au pied du mur et l’incitent à une inutile surenchère : encore une cache d’armes, encore une cellule terroriste, voire la conquête intégrale de Gaza qui serait une folie quand on connaît la charge qui pèse déjà sur les réservistes. Cette attitude de l’opposition est de bonne guerre, si l’on peut dire, dans une démocratie. Certes, mais alors qu’elle n’accuse pas le gouvernement de préférer la destruction du Hamas aux otages : de son côté, elle préfère la défaite de Bibi aux otages. Répétons : reconnaître le succès de l’autre est nécessaire pour avancer, ici pour qu’un cessez-le-feu entre en vigueur.        

 
 
 

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