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PAROLES, PAROLES, PAROLES

  • Photo du rédacteur: Philippe Broda
    Philippe Broda
  • 27 sept.
  • 3 min de lecture

Pour Macron, reconnaître un Etat palestinien abroge la raison d’être du Hamas. Du révisionnisme historique ? Certes. Quand Israël n’occupait ni la Cisjordanie, ni Gaza, le Hamas n’existait pas et aucun Etat palestinien n’a été créé pour autant : l’unique but des Palestiniens n’est pas de posséder un Etat mais d’effacer Israël de la carte. Une macronerie de plus ? Oui mais pas seulement.    

Le best-seller du journaliste israélien Zvi Yehezkeli, spécialiste des questions arabes, est une précieuse source d’information. Ce journaliste se positionnait originellement très à gauche – il a longtemps été ami avec Gideon Levy de Haaretz que les médias internationaux citent sans discontinuer – avant de basculer résolument à droite, mais ce n’est pas son cheminement personnel qui mérite l’attention. C’est sa connivence passée avec les dirigeants palestiniens qui est particulièrement instructive. En effet, ceux-ci accordent des interviews uniquement aux hommes de presse israéliens qu’ils savent sensibles à leur cause. A ce titre, Yehezkeli a rencontré à de multiples reprises Yasser Arafat mais également Marwan Barghouti, souvent décrit en Occident comme le Nelson Mandela palestinien, et Zakaria Zubeidi, autre figure emblématique du mouvement nationaliste palestinien, avec lequel il a même noué des liens qui s’apparentent à une forme d’amitié. Dans la profession journalistique, la limite entre les propos qui doivent être communiqués au public et ce qui est confié « off », hors micro, n’est pas toujours simple à gérer. Les leaders Palestiniens en jouent à merveille.


Yasser Arafat était un excellent client pour les médias. Son parcours exceptionnel – il avait réchappé à la mort dans des circonstances exceptionnelles à plusieurs reprises – l’avait transformé en personnage de légende. Cela ne l’empêchait pas de débloquer parfois aux yeux de ses interlocuteurs. Lorsqu’il recevait Yehezkeli, le député arabe israélien Ahmed Tibi était habituellement présent et prenait soin que rien de déplaisant ne filtre hors de la pièce. Lorsque par exemple le journaliste l’interrogea sur la vague d’attentats contre l’Etat juif durant la Seconde Intifada, Arafat accusa les services de renseignements israéliens qui cherchaient, selon ses dires, à l’incriminer. Tibi exigea que cette phrase soit coupée. Même impératif avec la question « Que voulez-vous d’Israël ? » à laquelle le chef de l’Autorité palestinienne répondit un jour : « De l’argent ». Quand ce genre de sortie déroutante n’était pas censuré, son poids était minoré. Fan d’Arafat, Gilles Paris du Monde estimait que ses élucubrations sur l’absence d’un temple juif à Jérusalem relevaient de la plaisanterie. Sacré Yasser quand il fait des blagues ! Il était impensable d’en tirer des conclusions lourdes de sens sur la légitimité de la présence juive.


En dehors de ces écarts, Arafat savait exactement dire au public auquel il s’adressait ce qu’il désirait entendre. Tel un jongleur, il était passé maître dans l’utilisation du double langage. En anglais, ses propos faisaient ressortir une attitude conciliante, une volonté de parvenir à la paix, laquelle était à portée de main pour peu qu’Israël se retire de la Cisjordanie et de Gaza. Quand il parlait en arabe, il était clair que l’Etat palestinien qui serait créé à cette occasion n’était qu’une étape vers la disparition de l’Etat juif. Le « off » permettait de jouer pareillement avec les ambiguités de sa position. Quand un journaliste poussait tout de même un peu Arafat dans ses retranchements, il expliquait qu’il était prisonnier de la rue palestinienne chauffée à blanc… par le narratif extrémiste des factions nationalistes dont la sienne. C’était un serpent qui se mordait la queue. De ce point de vue, Barghouti et Zubeidi s’inscrivaient dans la filiation d’Arafat. Yehezkeli l’admet, sa sympathie pour une solution à deux Etats abolissait son sens critique.  Il est loin d’avoir été le seul.


Cette difficulté à regarder en face la situation, c’est-à-dire que la nation palestinienne refuse un compromis, au moins à ce jour, n’est pas l’apanage de journalistes pétris d’idéaux de paix.  La population israélienne se laisse régulièrement piéger. Quand la cote du Hamas baisse, elle se réjouit. Or, cela ne signifie pas que les Palestiniens sont prêts à un compromis. Juste qu’ils jugent l’organisation terroriste moins apte à mener le combat contre Israël à cet instant. Dans ces conditions, un homme comme Macron, dont la subtilité et le sens de la nuance ne sont pas les qualités premières, ne pouvait que se perdre. Il avait promis de régler le sort du Hamas avec une coalition internationale. Reconnaissons que, si cette coalition n’a jamais été créée, il a tout de même trouvé une solution. Il a éliminé toute référence au Hamas dans son discours. Ainsi, le Hamas n’existe plus chez lui. Avant la guerre israélienne contre l’Iran, il négociait pied à pied avec l’Autorité palestinienne : « Reconnaissez le droit des Juifs à avoir leur propre Etat ». Mis au pied du mur, Mahmoud Abbas refusait avec vigueur. Qu’à cela ne tienne, Macron a décidé de reconnaître l’Etat palestinien malgré tout. Récompenser le double langage ne fera pas avancer la paix, au contraire même. Pas grave. Cela énerve Netanyahou, nananère.  

 
 
 

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