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C'EST TROP INJUSTE...

  • Photo du rédacteur: Philippe Broda
    Philippe Broda
  • 30 mars
  • 3 min de lecture

Le théoricien communiste Antonio Gramsci s’efforçait d’expliquer pourquoi la Révolution tardait tant à venir. Selon lui, les capitalistes exerçaient une « hégémonie culturelle » sur les masses. Grâce à des médias à leur botte, ils façonnaient l’opinion publique afin de la détourner du droit chemin. Que penser de cette thèse ?


Certes, les médias n’appellent pas à l’insurrection, à la grève générale ou à la disparition du système capitaliste. La presse est pluraliste et la concurrence entre les visions du monde ringardise inévitablement le communisme. Toutefois, en simplifiant à peine, ce sont les personnes de gauche qui exercent un magistère sur les professions intellectuelles, à l’université comme dans les médias. Celles de droite ont déserté la place, préférant se remplir les poches en entreprise. En conséquence, bien que des organes de presse de droite et d’extrême-droite existent, les médias « mainstream » penchent à gauche. Pourtant, quand on est de ce bord politique, il est de bon ton de jouer à Caliméro en pleurnichant qu’on est privé de la parole… alors que c’est tout le contraire. Les conséquences de ce biais idéologique sont multiples. Ainsi, quand une position de gauche est assénée, aussi grotesque soit-elle, elle est rarement corrigée. Pour illustration, le parti communiste français s’est auto-qualifié parti des 100 000 puis des 75 000 fusillés sans que cette assertion ne soit remise en cause. Il faudra des décennies pour rétablir la vérité. Il y aura toujours un historien heureusement… En fait, il y eut environ 4 000 fusillés.


Le monde juif n’échappe pas à ce schéma. Dans la résistance contre le nazisme, le soulèvement du ghetto de Varsovie est l’événement le plus connu. Parmi les quelques centaines de Juifs qui tinrent tête aux nazis pendant presque un mois avec des moyens dérisoires, quelques dirigeants de l’Organisation juive de combat ont été historiquement mis en exergue : Marek Edelman, socialiste antisioniste du Bund, et Mordechaj Anielewicz, socialiste sioniste du Hachomer Hatzaïr. En Israël, les noms de Zivia Lubtenkin et Yitzhak Zuckerman, deux sionistes socialistes qui immigrèrent après la guerre, se dégagent également. En somme, sionistes ou pas, tous étaient de gauche. Pourquoi Pawel Frenkel et Dawid Moryc Apfelbaum les chefs de l’autre organisation de résistance, de droite, sont-ils rarement mentionnés ? Il ne s’agit pas d’un hasard. Un journaliste de Haaretz l’a confirmé involontairement. Son article visait à montrer que les travaillistes avaient bâti un récit national éminemment politique. C’est pour cela, notait-il, que le réseau de résistants de Cracovie, mené par Szymon et Gusta Drenger, qui avait accompli des actions d’éclat mais ne militait pas à gauche, avait été occulté en Israël.


Dans leurs relations avec les autres peuples, les Juifs souffrent tout autant du gauchisme ambiant. L’encyclopédie en ligne Wikipedia est une remarquable illustration des altérations de la vérité qui résultent de ces tentatives d’intoxication. Des internautes engagés, universitaires ou pas, présentent de manière délibérément tendancieuse les sources du conflit israélo-arabe. Dans l’article en anglais sur le sujet, il est rapporté que les désaccords politiques ont suscité des troubles et, immédiatement après, le lecteur apprend qu’Israël a conquis des territoires comme si l’Histoire se répétait : 1948, 1967, 2024... Le refus du partage de la Palestine par la partie arabe est passé sous silence. C’est ennuyeux puisque cela désigne le responsable de la guerre. Il n'y a rien de faux, juste une grossière tentative de manipulation qui procède par sous-entendus et suggestions. C’est pourquoi ces Caliméro qui se plaignent de « l’hégémonie culturelle » de leurs adversaires sont tout aussi comiques que pathétiques. A moins que ces jérémiades ne soient qu’une stratégie pour qu’on ne se méfie pas de leur colonisation méthodique et infatigable des esprits.


L’emprise de cette idéologie délétère s’insinue jusque dans les réseaux sociaux. Les modérateurs et « fact checkers », qui ont été réclamés à cor et à cri par les institutions européennes sont censés assurer leur bon fonctionnement. Or, les dés sont pipés. Ces « arbitres » ne valent pas mieux que les adeptes de la post vérité à la sauce Trump. Ils sont simplement de l’autre bord politique. Quand on a été biberonné à la bien-pensance, le soutien à Israël passe mal. Dans ce contexte, Instagram n’est pas un endroit spécialement accueillant pour les jeunes Juifs. S’ils défendent l’Etat hébreu, ils sont invariablement censurés, annulés, aussi raisonnable soit leur argumentation. De leur côté, les supporters du Hamas s’autorisent presque toute parole sans essuyer de remontrance. Leur antisémitisme ne subit pas le traitement qu’ils mériteraient. Pour eux, c’est comme on dit, open bar et ils en profitent allègrement. Mais cessons de nous plaindre sous peine de passer nous-mêmes pour des Caliméro. Le peuple juif est engagé dans un âpre combat contre ses ennemis - le Hamas n’est que l’un d’entre eux. Israël n’a pas peur.

 
 
 

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