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  • Photo du rédacteur: Philippe Broda
    Philippe Broda
  • 10 mai 2024
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 20 mai 2024



Alors que la guerre fait rage à Gaza, de plus en plus de voix se font entendre en Europe pour proclamer la reconnaissance unilatérale d’un Etat palestinien. Le gouvernement israélien y voit une aberration, une sorte de prime à la terreur. Et si c’était finalement une excellente idée ?


Le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale de l’ONU approuvait le plan de partage de la Palestine en un Etat juif et un Etat arabe. Le refus arabe provoqua plusieurs conflits armés. A la suite de la « Guerre des Six Jours » (1967), Israël s’empara de la péninsule du Sinaï, du plateau du Golan, de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, proposant immédiatement de restituer les territoires conquis pour peu qu’on lui fiche la paix. Quelques mois plus tard, à la suite du sommet de Khartoum, neuf pays arabes répondirent par un triple non – pas de paix, pas de reconnaissance de « l’entité sioniste », pas de négociation avec elle. Pourtant, la résolution 242 de l’ONU, et toutes celles qui suivirent, entérinèrent le principe « paix contre territoires ». Selon cette logique, puisque le monde arabe peinait à accepter la présence juive dans la région, la récupération de territoires perdus à la guerre aiderait à faire passer la pilule. Il fallait lui offrir une contrepartie. Bien sûr, une reconnaissance désintéressée de la légitimité d’Israël aurait eu davantage de sens mais qu’importe : l’essentiel était d’aboutir à la paix.


L’Egypte a été le premier pays arabe à s’engager dans cette voie. La paix signée avec Israël lui permit de reprendre possession du Sinaï – récupérer la bande de Gaza ne l’intéressant pas. Le royaume hachémite de Jordanie fut le deuxième puis, avec les accords d’Abraham, les Emirats Arabes Unis, Bahreïn puis le Maroc et le Soudan reconnurent le droit d’Israël à l’existence. Dans tous ces cas, la contrepartie obtenue par la partie arabe n’a pas été territoriale. Avec les Etats-Unis à la manœuvre et la menace iranienne à l’arrière-plan, elle a été politique et/ou économique, y compris pour la Jordanie. En effet, cette dernière qui contrôlait la Cisjordanie avant la « Guerre des Six Jours » avait entretemps renoncé à ses rêves d’annexion au profit du mouvement nationaliste palestinien émergeant. Cette nouveauté, la revendication de la création de l’Etat de Palestine a transformé progressivement le conflit israélo-arabe en conflit israélo-palestinien. Toutefois, le principe « paix contre une récompense » demeurait. Il fallait juste que les Palestiniens admettent l’existence d’un Etat juif.


Or, de tout temps, ce sont les Arabes de Palestine qui ont constitué le foyer d’opposition le plus virulent au sionisme. En conséquence, comme l’a résumé Abba Eban, ancien ministre israélien des Affaires étrangères : « les Palestiniens n’ont jamais manqué l’occasion de manquer une occasion ». La liste est longue : récusation de la proposition de partage du plan Peel de 1937 ; boycott de l’UNSCOP, la commission de l’ONU qui finit par préconiser la solution à deux Etats en 1947 ; rejet de la résolution de l’ONU de 1947 ; « oubli » de la création d’un Etat entre 1949 et 1967 alors qu’il n’y avait aucune présence juive en Cisjordanie et à Gaza : intransigeance d’Arafat lors du sommet de Camp David II en 2000 – point concédé par Nabil Amr, l’un de ses ministres ; tergiversation de Mahmoud Abbas qui préféra au bout du compte ne pas saisir la main tendue par Ehud Olmert, Premier ministre d’Israël en 2009. Avec cette accumulation d’éléments, le responsable du blocage était facile à désigner par une communauté internationale toujours pleine de sagacité. C’est Israël. Ben Gvir, Chben Gvir. L’incrimination de l’Etat juif est très ancienne.


A partir de ce diagnostic, la reconnaissance d’un Etat palestinien semble être à même de lever les obstacles vers la paix. Le problème est qu’il est erroné. Pour avancer dans la bonne direction, il faudrait surtout faire comprendre aux Palestiniens qu’une solution à deux Etats consiste en l’établissement d’un Etat palestinien à côté de l’Etat juif, pas d’un Etat binational en plus d’un Etat palestinien. Si Mahmoud Abbas était capable de dire « Etat juif » dix fois de suite, la paix serait signée dans l’heure. En quoi, malgré tout, cette reconnaissance d’un Etat palestinien pourrait-elle être utile ? Parce que déclarer l’instauration d’un tel Etat modifierait radicalement la donne. Les frontières des résolutions de l’ONU lui seraient imposées. Ses dirigeants deviendraient clairement responsables du comportement de leurs concitoyens. Et puis, là est l’essentiel, la question des réfugiés disparaîtrait d’elle-même. Les habitants de Cisjordanie et de Gaza deviendraient des citoyens de la Palestine – imagine-t-on des réfugiés palestiniens dans un Etat palestinien ? Et les réfugiés de Jordanie et du Liban seraient rapatriés dans leur pays. Plus d’UNRWA ! Presque 80 années d’un illusoire retour parties en fumée. Alors, on y va ?          

 
 
 

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