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IL PLEUT, IL PLEUT, BERGERE

  • Photo du rédacteur: Philippe Broda
    Philippe Broda
  • 28 juin
  • 3 min de lecture

La pression ? C’est dans les pneus ou dans la bière mais pas seulement. En dehors d’une poussée physique, le mot évoque une influence destinée à contraindre le comportement humain. Quand un individu en subit une, il le sait habituellement. Comment réagit-il à la situation ? Le test absolu ? L’Etat d’Israël : zone de haute pression à l’échelle planétaire.               

Dans les années 1970, 90 000 Juifs environ résidaient en Iran. Sous le règne de Mohammad Reza Pahlavi, ils pouvaient se prévaloir de mener une vie agréable. Quoique non officielles, les relations entre leur pays et Israël étaient assez cordiales. La Révolution islamique de 1979 a modifié radicalement la donne. Echaudés par les violences consécutives au départ du Shah, la guerre contre l’Irak et des déclarations antisémites de chefs religieux, la plupart sont partis. Il en reste approximativement 9 000. Ils sont libres de s’en aller mais ne le font pas. Loin du cliché d’une persécution permanente avec des Gardiens de la révolution qui les menaceraient au quotidien, ils possèdent des droits et, malgré quelques incidents sporadiques, ils sont bien traités. Ce sont des « Gens du Livre » dont les traditions sont éminemment respectables – à Pourim, les danses autour du supposé tombeau d’Esther et Mardochée à Hamadan l’illustrent. Ce qui leur est demandé est juste de se conformer aux attentes de la société iranienne, à savoir rejeter  avec la plus belle détermination le sionisme politique. Ils ne l’ignorent pas et ne manquent pas de jouer le jeu pour être tranquilles.


Les figures marquantes de la communauté juive sont supposées montrer l’exemple – en particulier, son représentant au Parlement, qui est un notable, et le Grand rabbin d’Iran. Durant « La guerre des douze jours » qui vient de s’achever, la direction de la communauté d’Ispahan s’est fendue d’un communiqué : « La brutalité des sionistes (…) a heurté tous nos cœurs ». Il y est question de l’élimination délibérée de femmes et d’enfants iraniens. On connaît la musique : c’est la même que pour Gaza. La sincérité de ces positions est bien sûr envisageable. Pourquoi ne pourrait-il pas y avoir des Juifs radicalement antisionistes en Iran ? Pourtant, les anciens dirigeants de communautés qui ont massivement quitté les pays musulmans pour s’installer en Occident ou en Israël, sont presque tous unanimes. S’ils ont proféré alors des propos virulents contre l’Etat juif, c’est parce qu’ils subissaient une pression latente. Selon leurs dires, ils se sentaient intimidés. En fait, partout où ils sont minoritaires, les Juifs ont intégré qu’ils devaient correspondre à l’image que la société se fait d’eux. Cette mesure de prudence leur permet de se tenir à l’écart des problèmes, d’éloigner la persécution.


En France, les médias jouent un rôle central dans l’intronisation des têtes de gondole de la communauté juive. C’est par leur intermédiaire que la société française sélectionne les Juifs dont elle souhaite entendre la voix. Si les représentants officiels de la communauté plaisent peu, d’autres personnalités sont invitées à s’exprimer et à faire écouter leur singularité. Fan de BD, le Grand rabbin de France Haïm Korsia est un être aussi atypique qu’ouvert. Il aurait pu être un bon client. Le souci est que les Français en ont soupé de ces Juifs barbus portant kippa dont la simple vision réalimente les pires stéréotypes antisémites. La starisation de la sémillante Delphine Horvilleur prend toute sa signification dans ce contexte. Certes, la rabbine représente un courant minoritaire mais son originalité est tellement rafraîchissante. En déconstruisant l’identité juive, elle fait assurément œuvre utile. Comme l’a noté Charles Rojzman, elle paraît vouloir dire à chaque instant « Regardez comme je suis juive autrement ».  En d’autres termes, elle confirme que, pour que le nom Juif soit supportable aux yeux des non Juifs, il doit absolument se transformer. De ce point de vue, c’est vrai, elle incarne une sorte d’idéal.


Toutefois, cette popularité a un prix. Quand les élites françaises s’alignent sur le narratif qatari au sujet de la guerre à Gaza, les Juifs qui comptent sont exhortés à leur emboîter le pas. Tout en déplorant la mort de civils palestiniens, Delphine Horvilleur a d’abord résisté avant de céder. Cette dame qui exerce un magistère religieux a soudain prétendu qu’Israël tentait de commettre un génocide – son emploi du mot « annihilation » relevant d’une coquetterie déplacée. Elle le savait depuis un moment mais elle s’était bâillonnée. Elle aurait juste saisi l’horreur, ce serait différent. Non, elle savait mais se taisait. Il ne s’agit pas ici d’un enfant qui trempe son doigt dans la confiture et n’avoue pas sa faute. Les conséquences sont d’un autre ordre. Peut-être quelques-uns de ses fidèles ont-ils effectué entretemps un don en faveur de l’Etat criminel ? Les gauchistes antisémites, joli pléonasme, ont souligné le caractère immoral de son attitude. D’une certaine façon, il faut l’admettre, ils n’ont pas tort. Nous préférerons insister sur la pression qui l’a contrainte à rédiger son texte. Entre les Gardiens de la révolution iranienne et ceux de la pensée française, la distance n’est pas si grande. Paris-Téhéran, si loin, si proche…

 
 
 

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