LE MONDE DISPARU
- Philippe Broda
- 4 janv.
- 4 min de lecture
A gauche, Mediapart se décrit comme un journal d’information pour se différencier d’un rival, Le Media, qu’il juge exclusivement militant. De son côté, Le Monde se distingue de Mediapart en recourant exactement au même argument. Quant au lecteur historique du Monde, il dresse un constat identique en le comparant à son journal aujourd’hui… et il pleure. Sur Israël ? C’est un océan de larmes.
Il n’existe aucune de preuve mais, si un journaliste du Monde a jeté le code de déontologie professionnelle à la poubelle, c’est probablement Benjamin Barthe. Devenu chef adjoint du service international, la confusion des genres ne lui fait pas peur. Son épouse, Muzna Shihabi est une activiste radicale d’origine palestinienne qui a perdu son emploi dans une association humanitaire en raison de son soutien aux crimes du Hamas – les deux ont dû se régaler comme jamais lors du souper du 7 octobre… Qu’à cela ne tienne, Barthe a trouvé un point de chute à sa douce, dans un centre de recherche dirigé par François Burgat, défenseur énergique de l’islamisme. Quand le journaliste a besoin de sources fiables, il sait où les chercher… chez l’employeur de madame. Reconnaissons que Barthe ne dissimule pas où vont ses préférences. Sur les réseaux sociaux, il n’hésite pas à dézinguer l’« Etat voyou » Israël à la moindre occasion. Son équipe de snipers est au diapason. Samuel Forey bien sûr, qui trouve plus pertinent de procéder au décompte exact des bébés morts à Kfar Aza – les Israéliens sont tellement manipulateurs – que de braquer le projecteur sur les crimes du Hamas. Mais Clotilde Mraffko et Louis Imbert ne sont pas en reste.
Comme si cela ne suffisait pas, des complices ont également été positionnés à des endroits stratégiques, Hélène Sallon à Beyrouth et Piotr Smolar à Washington – ce dernier ayant connu son heure de gloire il y a une vingtaine d’années quand il n’a pas eu peur d’asséner qu’écraser une cigarette sur le corps d’Ilan Halimi en criant « sale Juif » n’était pas un acte antisémite. La ligne éditoriale ainsi suivie a visiblement agacé quelques journalistes à l’ancienne. Raphaëlle Bacqué est partie quelque temps sur le terrain pour une série d’articles plus équilibrés. Dans l’un d’eux, elle s’appuyait avec beaucoup de finesse sur le témoignage de ses chers confrères qui avaient un jour couvert Gaza. Ils entraient en contact avec le Hamas par l’intermédiaire d’un « fixeur ». Cet intermédiaire palestinien était garant des propos du journaliste rencontré. Autrement dit, si le reportage dénaturait la réalité, s’il se montrait relativement indulgent avec le Hamas, c’était pour ne pas mettre en danger son « fixeur ». Il s’agissait d’une auto-censure à finalité humanitaire. Mais, que le lecteur ne s’inquiète pas pour le sens critique de l’homme de presse. Avec le côté israélien, une séance de rattrapage de haute volée était proposée.
Cependant, la pause dans le déchaînement contre Israël a été de courte durée. Entre les gauchistes frustrés – le vilain pléonasme – et les bienpensants hostiles à toute forme de pensée rigoureuse, il importait avant tout de satisfaire la clientèle. Le scénario concocté par Le Monde était cousu de fil blanc. Grandiose. Une extrême-droite fascisante, délégitimant davantage encore le sionisme, a lancé Israël dans une vengeance impitoyable contre les femmes et les enfants de Gaza. Le prétexte de ce génocide était la neutralisation du Hamas mais la soldatesque sioniste a échoué : les capacités opérationnelles du Hamas, aussi bien que ses chefs, ont été épargnés par sa violence aveugle. Pour libérer sa frustration, Netanyahu a attaqué le Liban et même l’Iran, qui s’est efforcé pourtant d’agir avec retenue afin d’éviter un embrasement régional. Quand s’arrêtera-t-il ? Face au scandale, la population israélienne s’est révoltée contre lui et, chose impensable, des soldats ont signé une pétition annonçaient qu’ils refusaient d’effectuer leur période de réserve. Ouf ! Ce narratif ne véhicule pas seulement des poncifs éculés. Il contredit grossièrement les faits. Et ces gens-là se moquent des distorsions de la réalité de Trump...
Quelques points. Entre le début de la guerre et la démission de Benny Gantz, presque toute la population juive d'Israël soutenait son gouvernement. Des ministres d’extrême-droite y siégeaient, certes, mais leur rôle était mineur. Bref, le gouvernement israélien était alors aussi d’extrême-droite que le premier gouvernement Mitterrand était communiste. Les désaccords existant dans la société israélienne portent sur l’urgence de faire libérer les otages et « le jour d’après » que Netanyahu ne veut pas envisager, pas sur la guerre elle-même. La pétition des soldats. Quelques dizaines d’individus mobilisables l’ont signée… sur 300 000 réservistes. Génocide. Pourquoi vacciner contre la polio des gens que l’on essaie d’exterminer ? Forey en a malgré tout trouvé les indices. Des soldats ont joué avec le vélo d’un Gazaoui qui avait quitté son domicile. Ce non-respect du droit de propriété prouve l’invisibilité, la déshumanisation des Palestiniens, stade préalable à leur extermination. Et le lecteur de gauche exulte face à tant d'intelligence. Le fiasco militaire. A voir. En attendant, les tirs de roquettes depuis Gaza sont très rares. Y compris après l’élimination des dirigeants du Hamas parce que c’est arrivé finalement. Eh oui. Attention au piège des vœux pieux, le wishful thinking.
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