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  • Photo du rédacteur: Philippe Broda
    Philippe Broda
  • 1 mars
  • 4 min de lecture

Il était une fois un petit pays du Proche-Orient qui avait connu des temps glorieux… il s’agit du Liban. Sans remonter à l’Antiquité, cet Etat situé au Nord d’Israël a longtemps été considéré comme la Suisse du Moyen-Orient grâce à un secteur bancaire florissant. Son cidre n’était assurément pas l’arbre qui cachait la forêt. Et puis un énorme patatras a provoqué son dépôt de… bilan.


L’attaque d’un autobus de militants Palestiniens par des phalangistes chrétiens le 13 avril 1975 est d’ordinaire présentée comme le début de la guerre civile libanaise qui a causé entre 150 000 et 200 000 morts. Selon l’accord qui y a mis un terme quinze ans plus tard, les milices renonçaient à leurs armes à l’exception du Hezbollah. Or, au Liban, les pouvoirs sont répartis sur une base confessionnelle : le Président est forcément chrétien tandis que le premier ministre est sunnite et le président du parlement chiite. Dans ces conditions, il n’est pas surprenant que le Hezbollah ait utilisé les armes qu’il était autorisé à conserver pour promouvoir avant tout les intérêts du chiisme, en l’occurrence de l’arc chiite – Iran, Irak, Syrie et Liban – que l’Iran s’efforçait de construire, principalement dans sa lutte contre l’Etat juif. Il a ainsi engagé le pays dans deux guerres, en 2006 et 2024, contraires à ses intérêts. Quand on mesure l’intensité de ces tensions entre des groupes religieux appartenant à une même nation, croire que la création d’un état binational résoudra la question palestinienne relève de la pure chimère. Pour l’illustrer, on peut mentionner également un ancien pays européen aujourd’hui disparu, la Belgique.


Le cas libanais fait écho à l’actualité d’Israël à un autre titre. Il est reproché aux dirigeants israéliens d’avoir lancé des opérations militaires à Gaza sans avoir réfléchi au « jour d’après » les combats. La guerre du Liban de 1982, appelée « Paix en Galilée », permet d’affiner le sens de cette critique légitime. Le gouvernement de Menahem Begin avait annoncé que son objectif était de soustraire les localités du Nord d’Israël à la portée des roquettes des organisations terroristes palestiniennes. A cette intention, le « jour d’après » était extrêmement ambitieux. Après avoir neutralisé les Palestiniens et chassé l’armée syrienne du Liban – la Syrie ne reconnaissait pas plus le droit à l’existence du Liban, la « petite Syrie », que celui d’Israël, la « Syrie du Sud » –, l’idée était de favoriser l’élection d’un nouveau Président, Béchir Gemayel, le chef des phalangistes chrétiens, qui signerait un accord de paix avec Israël. Le grain de sable qui enraya cette mécanique implacable fut l’assassinat de Gemayel, peu de temps après qu’il eut accédé à la magistrature suprême. Le massacre de Sabra et Chatila commis par des miliciens chrétiens ivres de vengeance paracheva la transformation du génial plan israélien en fiasco monumental.


Cet exemple démontre qu’un mûr examen du « jour d’après » est une condition nécessaire mais non suffisante pour qu’un succès militaire soit converti en avancée politico-stratégique. Il est essentiel que le but visé soit raisonnable. Les Israéliens ont été accueillis comme des libérateurs par tous les protagonistes de la guerre civile libanaise en 1982, excepté les Palestiniens. Ils ont fini toutefois par gaspiller ce capital sympathie et par se mettre tout le monde à dos. En effet, aussi respectable était leur prétention de signer la paix avec un intranquille voisin, elle ne tenait pas compte de la complexité de sa situation. Les guerres entre factions d’une même confession – chez les chrétiens, notamment les Gemayel contre les Frangié – et les renversements d’alliance – la soumission du leader druze Walid Joumblatt aux Syriens alors que son père avait certainement été exécuté par ces derniers n’est pas le moindre – auraient exigé un projet moins présomptueux de la part d’Israël. Dans un pays aussi divisé que le Liban, la probabilité de parvenir à une réconciliation entre communautés autour d’un accord de paix avec Israël était complètement chimérique.


Dans un ouvrage sur l’événement déclencheur de la guerre civile du Liban, Marwan Chahine rappelle un point souvent oublié : Israël est à son origine ! Pas parce que les Juifs sont responsables de tout, et en particulier de la présence des Palestiniens au Liban. Non. L’autobus attaqué le 13 avril 1975 transportait majoritairement des militants palestiniens qui venaient de commémorer la tuerie de Kiryat Shmona qui s’était déroulée l’année précédente. Trois membres du FPLP-CG, qui n’est en rien islamiste, avaient essayé de prendre d’assaut une école avant de se rabattre sur un immeuble d’habitation. Le bilan de 18 morts dont 8 enfants et 16 blessés méritait d’être célébré de manière festive. Avec ses odieuses cérémonies de libération des otages, le Hamas n’a donc rien inventé. En conclusion, la recherche du « jour d’après » à Gaza doit finalement être très simple. Puisque les autres factions palestiniennes ne se sont toujours pas départies de leur passion historique anti-israélienne, Israël n’a pas à finasser – et si Mohammed Dahlan était le bon interlocuteur ou un autre encore ? – mais à restituer Gaza à l’Autorité palestinienne, représentant officiel du peuple palestinien en se préparant mieux à la prochaine guerre... tout en espérant qu’un jour lointain, qui sait, les Palestiniens accepteront l’existence d’Israël.

 
 
 

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