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PORTÉ ONU ?

  • Photo du rédacteur: Philippe Broda
    Philippe Broda
  • 26 oct. 2024
  • 4 min de lecture

Les invités avaient été priés de garder le secret. Raté. Le 14 mai 1948, une foule enthousiaste se pressait devant le musée d’art de Tel Aviv. La cérémonie de proclamation de l’Indépendance d’Israël débuta à 16 heures. La lecture de l’acte par David Ben Gourion dura 16 minutes. L’hymne, la Hatikvah, fut entonné par tous avec émotion. Au moment de l’entrée du chabbat, le nouvel Etat était déjà né.   


Les déclarations troublantes d’Emmanuel Macron à propos d’Israël et de l’ONU requièrent une analyse sur deux plans, tout d’abord un examen de la psyché du président de la République et ensuite un petit cours d’histoire. En effet, pour comprendre l’ensemble de la séquence, la prise en compte des traits de caractère du chef de l’Etat est incontournable. Furieux que le Premier ministre israélien ne se soumette pas à ses objurgations concernant Gaza et surtout le Liban, Macron s’était lancé dans une diatribe anti-israélienne qui lui avait valu de se faire tancer par Benjamin Netanyahu aussi bien que par la France pro-Israël. La cérémonie en mémoire du 7 octobre organisée par le CRIF est alors arrivée. Assez agacé par la manière dont il est traité par son patron, le Premier ministre Michel Barnier s’est vengé en le faisant huer par la communauté juive. Il s’amusait tellement qu’il semblait avoir du mal à arrêter d’appuyer sur le bouton Macron. Or, on l’a vu sur d’autres dossiers, les blessures narcissiques provoquent chez le président des réactions assez radicales. Plutôt que s’interroger sur ses actions, d’envisager une marche arrière, il fonce avec suffisance en n'oubliant pas d'en remettre une couche. C’est la clé.


Macron aurait probablement été acclamé par les Insoumis ce soir-là mais, pas de chance pour lui, ils n’étaient pas invités. De toute façon, seraient-ils venus ? Taha Bouhafs, qui est une de leurs têtes de gondoles et n’est évidemment pas antisémite, n’a-t-il pas moqué les « petits fours » des soirées du CRIF ? Quoi qu’il en soit, en tant qu’éducatrice, Brigitte a visiblement failli. Le gamin n’en fait qu’à sa tête. Quelques jours avant le 7 octobre, il avait commencé à faire monter la température en appelant à un embargo sur les ventes d’armes à Israël. Selon sa logique, puisque l’Etat juif est agressé de toutes parts, il doit être puni. Macron pensait s’inscrire dans les pas de Charles de Gaulle qui avait décrété une mesure de ce type en 1967, juste avant la guerre des Six jours, tandis que les pays arabes resserraient leur étau autour d’Israël. Ce qu’il a oublié, c’est que cette décision du général, doublée de quelques sentences à connotation antisémite, avait déjà beaucoup choqué. Le Juif déjudaïsé Raymond Aron était allé jusqu’à commettre un ouvrage sur le sujet afin de manifester son indignation. Et puis Macron n’est pas de Gaulle. Il n’est pas détenteur d’un passé mais d’un passif.


Que Macron se précipite pour priver Israël des moyens de se défendre relève d’une conception des relations internationales qui, aussi lâche soit-elle, peut s’entendre. Je souhaite que la guerre s’arrête. J’ai peur de me prendre des bombes. Je désarme le belligérant qui ne me fera aucun mal. En revanche, le délire macronien au sujet d’Israël et de l’ONU nécessite un léger recadrage sur le fond. Si l’intention du président est perverse, elle est secondaire. En associant la création d’Israël à l’ONU, veut-il conseiller aux Israéliens d’être reconnaissants envers l’organisation internationale plutôt que l’accuser d’afficher une forme d’antisémitisme décomplexé ? Suggère-t-il que, ce que l’ONU a fait, elle est capable aussi de le défaire, c’est-à-dire que le droit à l’existence d’Israël pourrait être remis en cause par la communauté internationale ? Peu importe. Ce qu’il convient de souligner est que les lacunes en histoire de l’élève Macron sont assez considérables. A ce titre, on comprend que les portes de l’Ecole Normale Supérieure (ENS) lui soient restées fermées pour toujours. Brigitte, n’as-tu pas vérifié au moins qu’il faisait ses devoirs ? Parce que, quand Benjamin Netanyahu lui a rabattu le caquet, il avait entièrement raison.


Les soutiens à Israël sur cette sortie de Macron remontent souvent à toutes sortes de circonstances légitimant la présence juive en Eretz Israël. Cependant, ils omettent un aspect essentiel. Le droit à l’auto-détermination du peuple kurde est-il inférieur à celui du peuple juif ? Non. Pourquoi les Kurdes, eux, peinent-ils à faire valoir leurs droits ? Parce qu’ils sont vaincus militairement dans les pays où ils expriment des revendications. C’est ainsi qu’ils ont perdu leur autonomie en Iran à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Et, à chaque fois, le contexte géopolitique se prête plus à les trahir qu'à les aider. Revenons à Israël. Les grandes puissances ont voté à l’ONU en faveur d’un partage de la Palestine parce qu’elles ne savaient que faire des Juifs ou parce que cela servait leur intérêt. Jusque-là, Macron n’a pas encore tort. En proclamant son indépendance, Israël a été attaqué. Un pays serait-il intervenu à son secours si la guerre avait mal tourné ? Non. C’est sa victoire militaire, pas son bon droit, qui lui a permis de survivre. Pourtant favorables à la création d’Israël, les Etats-Unis avaient supplié Ben Gourion de sursoir à sa proclamation pour tenter de convaincre les pays arabes. Le « grand petit homme » a eu le génie de refuser. S’il avait cédé, l’Etat d’Israël n’existerait toujours pas.

 
 
 

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