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POUCE !

  • Photo du rédacteur: Philippe Broda
    Philippe Broda
  • 10 mai
  • 3 min de lecture

Qu’il soit appelé loup, chat perché ou touche-touche, le jeu où un enfant course ses camarades afin de les toucher reste très populaire chez les moins de dix-huit ans. Dans l’une de ses variantes, le petit malin sur le point de se faire attraper crie : « pouce » pour interrompre temporairement la poursuite. La manière dont cette pratique est arrivée à Gaza demeure un mystère.


Les positions du gouvernement israélien et du Hamas sont fondamentalement incompatibles. Pour accepter de libérer les otages, l’organisation terroriste exige une cessation de la guerre avec des garanties internationales. Encore traumatisé par l’attaque du 7 octobre, l’Etat hébreu refuse d’envisager la présence d’une menace armée à sa frontière Sud. Le Hamas est disposé à céder le pouvoir politique sur la bande de Gaza mais absolument pas renoncer à ses capacités militaires. Désarmer n’est pas une option, clame-t-il en roulant des mécaniques dans ses tunnels. Depuis plus d’un an, les intermédiaires, l’Egypte et le Qatar, s’arrachent les cheveux. Ils rivalisent d’inventivité pour proposer la formule magique qui satisferait les deux parties. Sur les modalités de la libération des otages, par étapes ou d’une traite, leur contrepartie, le nombre de terroristes libérés et un retrait israélien, sur la mise d’un place d’un nouveau pouvoir, aucun obstacle ne semble insurmontable. L’accord est à portée de main. C’est sur la conciliation de « la guerre se poursuivra tant que le Hamas sera armé » et « nous garderons nos armes » que cela bloque. Peut-être une solution est-elle sur le point d’émerger.


Pour que chacun s’y retrouve, l’idée centrale est qu’une trêve dans les combats de cinq ans soit décrétée. Le Hamas pourra fanfaronner : il n’a pas été détruit et il a conservé son armement. Israël aura récupéré tous ses otages et aucune garantie internationale ne l’empêchera en principe d’atteindre son objectif de neutralisation de l’organisation islamiste. Il faudra juste faire preuve d’un peu de patience, attendre quelques années de plus. Une fois le dernier otage libéré, le compte à rebours s’enclenchera : 1825 jours avant la reprise des hostilités, 1824 jours… Evidemment, si ce type de compromis permet le retour des otages, il n’y a qu’à s’en réjouir. Que le supplice de ces malheureux prenne fin une bonne fois pour toutes. Malgré cela, il ne règle rien sur le fond. Ainsi, bien qu’il commence doucement à manifestement son mécontentement à propos de la manière dont il est instrumentalisé par le Hamas, le peuple palestinien n’est pas davantage disposé à entériner la réalité d’un Etat juif. Et la bénédiction donnée à ce compromis par la communauté internationale en dit long sur sa complaisance envers le fondamentalisme palestinien.


La stratégie du Hamas est d’une simplicité biblique. Identifier des failles dans la défense israélienne, s’engouffrer dans les brèches, ravager le pays, se replier puis hurler « pouce » , en prenant à témoin la planète entière au moment où Tsahal décide de l’attraper. Une trêve s’instaure alors avec la protection de cette dernière. Elle durera jusqu’à la prochaine attaque du Hamas, etc… Ses dirigeants espèrent que, à force d’insister, Israël s’effondrera un jour comme un château de cartes. Chez les enfants qui jouent au loup, il est extrêmement mal vu de recourir à « pouce ». C’est considéré, osons l’expression, comme de la triche. Le jeu perd en effet toute sa saveur lorsqu’un joueur peut attraper ses camarades sans entrave mais qu’il se soustrait à leur poursuite en invoquant la formule magique qui l’immunise. Le plus souvent, il se fait exclure de la partie, voire de la bande d’amis. Rien de tout cela pour le Hamas. Ses multiples groupies légitiment son comportement quand il est dans la position du loup autant que l’interdiction signifiée à Israël de s’en prendre à lui quand les rôles s’inversent. Cette position ne témoigne pas uniquement d’un antisémitisme prononcé, qui n’est qu’un retour du refoulé.


Le contraste avec la situation du Liban est saisissant. Le Hezbollah ne se contentait pas de constituer une menace permanente pour l’Etat d’Israël, à l’instar du Hamas, mais il perturbait le bon fonctionnement du pays, contribuant notamment au blocage de ses institutions. Or, pour des raisons historico-religieuses, les Occidentaux éprouvent une affection réelle pour le pays du cèdre. En conséquence, leur aide à la reconstruction semble désormais dépendre de la mise sous l’éteignoir du Hezbollah qui a été affaibli par sa guerre avec Israël. C’est l’occasion idéale : « pas de bras, pas de chocolat ». Dans le cas de Gaza, le soutien financier n’est nullement conditionné. L’argent continuera de couler à flot. Cela pourrait suggérer de la sollicitude envers les Palestiniens. En fait, en autorisant le Hamas à mettre les pouces, sans être désarmé, l’Occident montre pile le contraire : il se lave les mains de leur sort. Allez, comptons : 1825, 1824… Peut-être est-il temps de conseiller aux Gazaouis qui vivent actuellement sous la tente de ne pas privilégier les constructions en dur ? 1823, 1822... Sauf si le Hamas réussit à capturer de nouveaux otages entretemps bien sûr. 1821, 1820, 1819… N’ont-ils pas honte, ces Occidentaux soi-disant pleins d’humanité ? 1818…       

 
 
 

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