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SURTOUT, NE BOUGEZ PAS !

  • Photo du rédacteur: Philippe Broda
    Philippe Broda
  • 16 juin 2024
  • 4 min de lecture

Lors de la libération récente des quatre otages israéliens, la neutralité des agences de presse est montée d’un cran. Elles utilisaient déjà le mot « terroriste » avec des guillemets – il y a un endroit dans le monde où viser délibérément des civils se définit différemment. Cette fois, c’est le mot « enlevés » qui a été employé avec des guillemets. Après tout, la thèse du kidnapping était aussi la version d’Israël.   

 

Dans son film « Otages à Entebbe », José Padilha présente un regard critique sur une opération de sauvetage d’otages par l’armée israélienne en Ouganda. Un des terroristes avait amorcé un processus de réflexion personnelle – « moi, un Allemand, trente ans après la Shoah… » – qui aurait certainement abouti à une libération pacifique des otages. Hélas, la soldatesque sioniste est intervenue prématurément, mettant fin à l’espoir des scènes de fraternisation universelle qui s’annonçaient. La ressemblance avec l’opération à Nuseirat est frappante. Une bonne partie de la communauté internationale reproche à Israël son intervention. Trop de Palestiniens sont morts. En premier lieu, les geôliers : au lieu de les liquider sans autre forme de procès, leur a-t-on laissé une chance de rendre leur liberté aux otages par amour de l’humanité ? Et puis, le deuxième véhicule d’exfiltration a été ciblé par des dizaines de terroristes dans une zone à forte densité de population. Pourquoi les Israéliens ne se sont-ils pas rendus plutôt que de tuer d’innocents civils ? Il est curieux que personne n’ait songé pas à retourner la question aux Palestiniens : une fois les otages libérés, pourquoi ne les avez-vous pas laissé partir tranquillement puisque, en agissant, vous risquiez de provoquer un bain de sang ?   


De manière plus globale, la réaction d’Israël après le 7 octobre a été très mal acceptée. Le raisonnement était limpide. Ce qui est fait est fait : vous avez vos morts et nous compatissons en partie. Si vous consentez à vider vos prisons, vous récupérerez vos otages et aurez ainsi la paix jusqu’à la prochaine agression du Hamas. De quoi vous plaignez-vous ? Dans le même ordre d’idée, vous avez été victimes d’une attaque à visage découvert de la part d’un Etat, l’Iran. Certes, il s’agit d’un acte de guerre. Nous vous demandons toutefois de ne pas répliquer. Après tout, à part une jeune bédouine grièvement blessée, vous n’avez subi que des dégâts matériels. Vous n’allez tout de même pas déclencher une guerre régionale avec toutes ses conséquences pour si peu. Rassurez-nous, vous n’êtes pas égoïstes à ce point ?  Il ne faut pas oublier non plus les tirs incessants du Hezbollah qui ont causé la mort d’une trentaine de citoyens et transformé des dizaines de milliers d’habitants de la zone frontalière du Nord d’Israël en réfugiés. Bien sûr que c’est plus grave et que le Liban est juridiquement responsable mais ce serait une folie de s’en prendre à ce qui reste pour nous la « Suisse du Moyen Orient » et qui est un pays abîmé. Et le topo est identique avec les missiles tirés depuis le Yémen ou l’Irak.


Cet appel à la retenue en toute circonstance intrigue. Sa justification la plus connue réside en l’identité du Premier ministre israélien qui susciterait une telle hostilité que le pays qu’il dirige subit le contrecoup de cet apriori négatif. Ah si Israël avait un chef moins antipathique ! Cependant, on doit se souvenir que corrélation n’est pas causalité. L’inverse est pareillement envisageable. Et si Benjamin Netanyahou était détesté par la communauté internationale – il est très critiqué à la maison mais pour de tout autres raisons – parce qu’il est à la tête de l’Etat d’Israël ? L’hypothèse est non seulement plausible mais aussi tout-à-fait testable. Lors de la première guerre d’Irak en 1991, c’est Ytshak Shamir qui était aux manettes d’Israël. L’Irak avait envahi le Koweït quelques mois plus tôt. Une coalition internationale avait été formée pour mettre fin à cette occupation illégitime. Saddam Hussein avait répliqué que, s’il était attaqué, il enverrait des missiles sur… Israël qui, pour le coup, n’avait rien à voir dans cette histoire. Et pourtant, le monde entier insista pour que l’Etat juif ne réponde pas aux tirs irakiens. Quoi, Shamir n’était pas assez kasher ? Ah, c’était également un homme politique de droite.    


Admettons l’objection. Revenons à 1967. Le gentil Lévi Eshkol est Premier ministre. Il appartient au parti travailliste. La Cisjordanie et la bande de Gaza sont sous contrôle arabe et le seul reproche qui puisse alors être adressé à Netanyahu est qu’il a mis son doigt dans le pot de confiture à huit ans. Le Président égyptien interdit la navigation aux navires israéliens dans le détroit de Tiran. C’est une violation du droit international. Il expulse simultanément la force d’interposition de l’ONU. La communauté internationale presse aussitôt Israël de ne pas intervenir militairement. Lassé d’attendre, l’Etat hébreu dégaine – ce sera la Guerre des Six jours. Furieux de ne pas avoir été écouté, le général de Gaulle s’en prendra logiquement aux Juifs, « peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur », responsables de la situation. Et on pourrait remonter encore dans le passé. En vérité, les cultures chrétienne et islamique sont incapables d’imaginer le Juif autrement que comme un être inférieur, qui est juste toléré et doit demeurer passif. De ce point de vue, un Etat juif qui se défend est choquant. Rien que pour cela, le sionisme a fait œuvre utile. Il faudra être patient avec ces gens-là. Réussiront-ils à changer de logiciel ? Espérons-le. Sinon, ils n’ont pas fini d’avoir des maux de tête à cause de nous.

 
 
 

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