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THE PLACE (NOT) TO BE

  • Photo du rédacteur: Philippe Broda
    Philippe Broda
  • 24 mai
  • 4 min de lecture

Le philosophe Isaiah Berlin écrivit un jour que le peuple juif était caractérisé par un excès d’histoire et un manque de géographie. La création de l’Etat d’Israël a quelque peu changé la donne sur ce point. Il est également possible d’envisager la géographie dans une perspective dynamique. Et là, les Juifs n’ont pas fini d’en voir du pays.     


Avant de songer à déménager, procédons à un état des lieux, selon l’expression consacrée. En 2023, les Juifs étaient au nombre de 15,7 millions dans le monde, 100 000 de plus que l’année précédente. La population juive n’était pas revenue à son niveau de 1939 où elle était évaluée à 16,6 millions d’individus. Les effets de la saignée de la Shoah ont été durables. Soi-dit en passant, les Palestiniens ont connu une croissance explosive de leur population depuis 1967, année où la Cisjordanie et la bande de Gaza sont passés sous contrôle israélien : elle a été multipliée par plus de quatre. Le nombre des cornichons qui prétend que le peuple palestinien est victime d’un génocide est, lui, très largement supérieur aux populations juive et palestinienne réunies. Ce qui n’est pas réellement important. Revenons à la démographie juive. Les deux principaux territoires que le peuple juif occupe sont l’Etat d’Israël et les Etats-Unis. Il y a 7,2 millions de Juifs en Israël, soit 46 % du total. Les 6,3 millions domiciliés aux Etats-Unis représentent la communauté la plus imposante de diaspora. La France et le Canada complètent le classement – ces deux pays loin derrière avec seulement 400 000 Juifs approximativement. Il reste encore 27 000 Juifs dans l’ensemble des pays à majorité musulmane.


Dans sa critique de l’antisémitisme, Manuel Valls a affirmé un jour qu’il en allait de la bonne santé de la République française. Ce qui lui a valu son lot de sarcasmes. Pourtant, les leçons de l’Histoire montrent qu’il n’avait pas forcément tort. Quand un pays perd sa population juive, il rencontre généralement des difficultés, bien au-delà des fonctions économiques qui, dans les temps anciens, étaient souvent assignées aux Juifs. Désigner un bouc-émissaire dénote une volonté de détourner l’attention, d’enfouir ses problèmes sous le tapis, plutôt que les traiter. C’est en ce sens que les poussées d’antisémitisme et le départ des Juifs qui est susceptible de les accompagner sont un révélateur de crise profonde. Puissance dominante en Europe, l’Espagne s’est bâti un empire colonial à partir du seizième siècle. La « découverte » de l’Amérique en son nom par Christophe Colomb est considérée comme le point de départ de cette période faste. La même année, en 1492, les souverains espagnols, Isabelle la Catholique et Ferdinand d’Aragon, expulsaient leur communauté juive. Deux siècles plus tard, l’Espagne s’engageait sur la voie d’un déclin inéluctable. Il n’est évidemment pas question de prétendre que la politique antijuive en est directement responsable, juste qu’elle l’annonce.


Il y a 140 ans, environ 90 % des Juifs résidaient en Europe. Aujourd’hui, à peine 10 % y sont installés. Les explications sont multiples et se renforcent mutuellement : 6 millions de Juifs européens sont morts pendant la Shoah, l’Etat d’Israël a été créé et les Etats-Unis ont été perçus jusqu’à très récemment comme un espace de tranquillité pour la population juive. La vigueur que reprend le discours antisémite sur le Vieux continent accélère la tendance. Ce n'est pas un hasard, l’Europe n’est plus le centre du monde. En perte de vitesse, elle aimerait arrêter le cours de l’Histoire mais le Sud, Chine et Inde notamment, compte bien assurer le leadership. Il est impossible de prévoir si la construction européenne n’implosera pas carrément un jour mais ce qui est sûr est qu’elle est limitée. L’événement qui rassemble les Européens, dans lequel ils communient et qui leur donne un sentiment de fierté, est le concours de l’Eurovision – autrement dit, l’air du vide à l’ère du vide. Comment ne pas comprendre les Juifs qui préparent leurs bagages ?


En définitive, il apparaît que le monde occidental n’est plus le havre de paix qu’il a été pour les Juifs depuis la Seconde Guerre mondiale. L’antisémitisme décomplexé qui s’y est révélé ces derniers mois est le signe avant-coureur de temps difficiles. La situation s’apaisera avec la fin des hostilités mais des digues ont indéniablement sauté, y compris aux Etats-Unis. Il semble qu’une convergence s’est opérée entre la haine du Juif d’origine chrétienne et celle qui est née en terre d’islam, qu’elle soit catalysée ou non par les mouvements islamo-gauchistes. Le diagnostic est simple : les Juifs doivent fuir cet environnement inhospitalier. Sa mise en œuvre est plus complexe. Où diriger ses pas ? Etant donné l’omniprésence de ces deux cultures à la surface de la terre, le champ des possibles se trouve considérablement réduit. Il y a un pays, un très grand pays, qui pourrait servir de refuge aux Juifs en mal de tranquillité dans les décennies à venir. Il s’agit de la Chine. La tradition confucéenne n’a jamais eu maille à partir avec le judaïsme. Le régime chinois reste réticent face aux débordements des manifestants politiques. Sans oublier sa féroce répression des Ouighours, population musulmane. Pour un peuple de colporteurs, chiner ne devrait pas être si sorcier…  

 
 
 

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