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UN AIR DE DEJA VU

  • Photo du rédacteur: Philippe Broda
    Philippe Broda
  • 21 juin
  • 4 min de lecture

Tandis que l’affaire Grégory subit péniblement son énième rebondissement, l’actualité offre un événement autrement rafraichissant avec la guerre entre Israël et l’Iran. Le champ des possibles dépasse amplement la question « qui a noyé le petit ? ». Pourtant, l’hostilité du régime iranien envers Israël est légèrement plus ancienne. C’est juste que l’explosion de la crise a tardé à survenir.       

          

Pas de quartier pour Clémentine Autain. Les propos de la députée insoumise accusant Israël d’être un danger pour la paix dans le monde ont été l’objet d’un opprobre national. Plutôt que d’en tirer une forme de continuité avec ses sorties nauséabondes sur un homme politique juif, il est possible de distinguer une leçon très bien apprise. En effet, après le 7 octobre, une brève période d’empathie générale envers Israël a été observée en France. En se démarquant avec ses positions ambigües sur le Hamas, la mélenchonsphère a fait un pari qui s’est avéré gagnant à terme. Si le Juif à terre est susceptible d’attirer la commisération, celui qui se remet debout est capable de déclencher à l’inverse de fabuleux torrents de haine. En ce sens, peut-être Clémentine Autain est-elle annonciatrice de l’évolution de l’opinion publique. Certes, nous en sommes encore loin. Les objectifs de l’attaque israélienne n’ont pas été atteints à ce jour et des missiles tombent quotidiennement sur l’Etat hébreu mais si, les opérations militaires venaient à être couronnées de succès, le discours changera certainement. D’une guerre, cela se transformera en attaque sans motif d’un pays même pas limitrophe, en massacre… en génocide ?


La similarité entre la République islamique d’Iran et du Hamas est éloquente. Leur objectif est d’éliminer l’« entité sioniste ». L’une comme l’autre s’efforcent de s’en donner les moyens alors que le contraire n’est pas vrai : Israël n’a jamais manifesté l’intention d’effacer les Iraniens ou les Palestiniens de la carte. Cette prémisse devrait normalement permettre de désigner aisément l’agresseur et donc d’adopter une position claire en faveur de l’Etat hébreu. Or, il n’en est rien. Les arguments mobilisés dans cette perspective sont d’ordres divers. Tout d’abord, ce n’est pas parce que l’on profère des menaces que l’on passera ensuite à l’acte, entend-on. Et puis, dans cette région du monde, les gens sont plutôt sanguins. Il ne faut pas les prendre au mot, hein ? L’horloge compte à rebours qui, à Téhéran, égrène les secondes jusqu’à la destruction d’Israël ? Ce n’est pas une marque de fanatisme obsessionnel, seulement un trait d’humour, une attraction touristique. Enfin, pourquoi n’aurait-on pas le droit de souhaiter la disparition d’un Etat dont la création était une terrible erreur ? La mouvance islamo-gauchiste défend cette ligne avec énergie et, c’est bien connu, le progressisme ne se trompe jamais.


Après les fins, les moyens. L’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) a enregistré une augmentation brutale du stock d’uranium enrichi de l’Iran ainsi que des tentatives de dissimulation de sa part. Tous les experts s’accordent pour reconnaître que le développement du nucléaire civil ne peut expliquer cette croissance. Seule la marche vers le nucléaire militaire est en mesure d’en rendre compte. Qu’importe ! Les Iraniens ne sont pas encore passés à l’acte. D’ailleurs, même si l’Iran possédait l’uranium enrichi prérequis, la durée du processus de fabrication de la bombe elle-même devrait avoisiner l’année. Dans ces conditions, pourquoi les Juifs s’agitent-ils de la sorte ? Un dernier point plus essentiel ne peut être passé sous silence. Sous quel prétexte devrait-on interdire à l’Iran ce qui est autorisé à tant d’autres, y compris Israël, c’est-à-dire détenir l’arme atomique ? N’est-ce pas faire un mauvais procès aux Iraniens que de les suspecter vouloir l’utiliser de façon critiquable ? Pourquoi ne pas leur laisser une chance de la considérer  uniquement comme une arme de dissuasion ? Quoi qu’il en soit, invoquer la légitimité d’une frappe préventive est un non-sens, une aberration.


Sur le plan du droit international, la fenêtre de tir israélienne est réduite à une séquence assez courte : entre le moment où Ali Khamenei donne l’ordre d’en finir avec Israël et celui où le soldat qui l’exécute appuie sur le bouton rouge. Avant, l’Etat juif est en infraction : « C’est du ouï-dire votre honneur ». Après, c’est trop tard.  Dom-mage ! Ainsi, dans la république des émotions, le regain de popularité actuel d’Israël n’a aucune raison de perdurer. Bientôt, les télévisions insisteront sur les destructions de Tsahal dans la belle ville de Téhéran, sur l’exode des pauvres Iraniens, sur les femmes et les enfants qui souffrent – bref, ce que d’aucuns appellent déjà le cri persan. En sus des images, le son sera tout aussi cinglant : Bibi Netanyahou a renforcé le régime en place – les mollah sont durs mais c’est maintenant l’union sacrée en Iran – et sa stratégie militaire ne fonctionne pas. Pour peu que les Américains se joignent à la fête, l’accusation deviendra : comment les Juifs ont-ils fait pour manipuler une puissance comme les Etats-Unis ? Et s’il y a hausse du prix du pétrole... Allez, amis d’Israël, savourons ces derniers moments de solidarité avant liquidation définitive… dans les médias. Et continuons à aider le pays : planter un arbre vaut heureusement plus que 1001 like sur les réseaux sociaux.

 
 
 

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