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UNE LECON D'HISTOIRE

  • Photo du rédacteur: Philippe Broda
    Philippe Broda
  • 1 févr.
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 2 févr.

Samuel Butler a dit : « Dieu ne peut rien changer au passé. Les historiens, oui ». S’ils s’accordent autant de liberté avec le cours des événements, c’est qu’il s’agit parfois de citoyens engagés, dont les opinions très arrêtées cherchent confirmation dans les temps anciens. Plus pittoresque est le moment où ces éminents penseurs décident de tordre le cou au présent.


Invoquée par Israël, la comparaison entre la Shoah et les massacres du 7 octobre a aussitôt été réfutée par une des associations d’historiens les plus réputés. Dans leur déclaration, cette ribambelle de spécialistes reconnus du nazisme a rejeté avec force tout lien entre les deux événements. Chacun est en droit d’exprimer son avis sur la question. On s’attendrait toutefois à ce que des érudits de cette trempe étayent leur position en mettant en rapport les deux carnages pour arriver à la conclusion que peut-être, au bout du compte, ils n’ont rien à voir l’un avec l’autre mais ce n'est pas ce qu'ils font. Ils laissent libre cours à leur militantisme politique. Craignant d’être instrumentalisés par le gouvernement de Benjamin Netanyahou, ils rejettent le rapprochement mais de façon ridicule. Leur argumentation repose ainsi notamment sur les intentions de revanche d’Israël, c’est-à-dire sur la suite des événements. Sans rapport avec la question, ces sommités décortiquent des phrases de dirigeants israéliens qui ont été prononcées après le 7 octobre pour les disqualifier politiquement ou moralement. Bref, ils interdisent le rapprochement avec le summum du Mal, le nazisme sur la base d’événements postérieurs.


Que cet aréopage ait été capable d’un tel défaut logique est assez ahurissant. Le résultat est que la comparaison entre les deux tueries de masse reste à réaliser. Essayons modestement d’en suggérer une esquisse. Beaucoup ont établi un rapprochement entre deux photos, l’une où un nazi met en joue une mère et son enfant et l’autre où un terroriste du Hamas dirige son fusil vers une jeune Israélienne à terre. Aussi frappante soit leur similitude, il est essentiel de regarder au-delà des apparences. Commençons par l’idéologie. Sur ce plan, les nazis et le Hamas se rejoignent. Dans Mein Kampf comme dans la charte de l’organisation palestinienne, l’objectif d’exterminer les Juifs est clairement annoncé. Que, dans leur haine sans borne, les terroristes aient assassiné également des travailleurs asiatiques, des Arabes israéliens et même des Gazaouis qui étaient autorisés à travailler en Israël est accessoire. Pour eux, collaborer avec les Juifs était punissable de mort. De la même manière, les nazis n’ont pas tué que des Juifs. Ils s’en sont pris en même temps à ceux qui leur portaient secours, aux tziganes, etc. Dans les deux cas, le but était de tuer un maximum de Juifs.


Qu’en est-il de l’adhésion des populations à ces politiques génocidaires ? Qu’il serait doux d’être en mesure de distinguer les méchants chefs des gentils peuples ! Dans le cas allemand, ce n’est pas possible. Hitler a rendu leur fierté à ses concitoyens, lesquels l’ont soutenu avec ferveur jusqu’à ses premiers échecs sur le front russe. De la même manière, il n’y a pas que les nazis qui ont massacré des Juifs. La quasi-totalité des Allemands mobilisés, y compris ceux qui n’étaient pas encartés au parti, se sont joints à la fête. Omer Bartov, un des historiens qui ont dérapé, a décrit avec minutie comment l’antisémitisme cimentait les régiments décimés qui se reconstituaient avec des soldats qui ne se connaissaient pas. Pour ce qui est des Palestiniens, c’est kif-kif. Quoi qu’ils pensent du Hamas, ils sont majoritairement unis par la détestation des Juifs (Yahoud) même si les traductions préfèrent indiquer pudiquement qu’ils n’aiment guère les « Israéliens ». D’ailleurs, le 7 octobre, des hordes de civils de tout âge ont envahi les kibboutzim pour se livrer aux pires exactions dans le sillage du Hamas. Des caméras de surveillance les ont filmés. C’est assurément le résultat de décennies de bourrage de crâne mais c’est un fait incontestable.


Le nombre de victimes est un critère supplémentaire. D’un côté, 6 millions de morts ont été comptabilisés alors que, de l’autre, on atteint 1200. Ce constat doit être nuancé. La Deuxième Guerre mondiale a duré environ 5 ans tandis que le Hamas n’a eu que de quelques heures pour commettre ses forfaits. Au kibboutz Nir Oz, où son intervention a battu des records de lenteur, l’armée n’est arrivée qu’après 8 heures. Dans ce chaos, quelle durée retenir pour la liberté d’action du Hamas ? En optant pour un scénario de 1200 morts en 8 heures, qui minore le rythme des massacres, et en supposant que les Palestiniens aient tenu 5 ans, plus de 6 millions de Juifs auraient été tués. Bien sûr, avec des armes légères, il est a priori impossible de tuer autant de monde sur une si longue période. Ce sont les limites rencontrées par la Shoah par balles qui ont poussé les Allemands à créer des centres de mise à mort. Peu importe. Cette observation vise simplement à montrer que, sur ce court laps de temps, l’action du Hamas a été extraordinairement meurtrière, parfois au détriment de ses propres intérêts. Envoyer des unités détruire les batteries du Dôme de fer israélien, laissées sans protection, aurait sans doute été plus judicieux que tuer quelques Juifs de plus.

Il y a pourtant une différence de taille entre les pratiques des nazis et du Hamas. Les dirigeants allemands étaient conscients que des images de scènes atroces nuiraient à leur cause. C’est pourquoi il en existe si peu. Pour rendre compte de la Solution finale, des fonctionnaires ajoutaient à l’occasion des photos à leurs rapports qui n’étaient pas destinés au grand public. Beaucoup ont été détruits. Les autres clichés qui nous sont parvenus proviennent de soldats ou de supplétifs qui n’ont pas respecté l’interdiction formelle d’immortaliser leurs crimes. Hé oui, les Allemands ne sont pas toujours disciplinés. Autres temps, autres mœurs avec le Hamas. Ses combattants sont partis accomplir leur mission équipés de caméras GoPro. Une de leurs obsessions était de filmer leurs exploits. La souffrance infligée aux victimes était perçue comme un signe de supériorité, non comme des actes de déshumanisation. Bien que nous vivions à un âge où utiliser son téléphone comme caméra est devenu une sorte de réflexe face à l’insolite, cette manifestation de fanatisme absolu s’est retournée contre l’organisation terroriste. Difficile d’adopter une posture négationniste ici. Plus que de mentir, il a surtout été reproché à Israël de tirer des dividendes de la situation. Une critique que la discrétion nazie a au moins épargné aux Juifs.

 
 
 

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