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  • Photo du rédacteur: Philippe Broda
    Philippe Broda
  • 9 juin 2024
  • 3 min de lecture

Les questions économiques, sociales, environnementales ne suscitent guère d’intérêt chez les Européens. La montée des extrémistes ne les inquiète pas davantage. Ils se piquent surtout de politique internationale mais, attention, pas la guerre en Ukraine qui se déroule à leur porte. Le salut de l’Europe se joue plutôt à Gaza.


La France Insoumise en avait fait son cheval de bataille : l’Etat d’Israël doit être mis au pas. Dans une transe aux accents plus macroniens qu’hugoliens, Jean-Luc Mélenchon avait annoncé le programme : « Vive Gaza ! Gloire éternelle à ceux qui résistent ! » Depuis, ses porte-flingues dézinguaient à tout-va dans un concours de déclarations outrancières où le radicalisme politique, le décolonialisme, l’antisémitisme et, il faut l’admettre, une formidable ignorance se côtoyaient joyeusement. Si le message n’avait pas été assez clair, la très controversée Rima Hassan, d’origine palestinienne, avait été propulsée en tête de gondole de LFI aux élections européennes. Le désintérêt du parti envers les classes populaires était manifeste, poussant sciemment ces dernières dans les bras du Rassemblement National. S’il parvenait à récupérer en retour les voix des banlieues, Mélenchon s’érigerait un jour comme l’unique rempart contre l’extrême-droite. Les sondages ne détectaient certes guère de frémissement envers LFI mais, dans une perspective de long terme, il n’y avait pas matière à s’affoler. Cela finirait bien par décoller. C’est alors qu’un petit caillou s’est glissé dans la chaussure de Méluche, scrupulus en latin et origine du mot scrupule – une  belle ironie pour un homme qui n’en a aucun.


En déposant la liste Free Palestine, le dirigeant d’un petit parti islamique Naguib Azergui s’est carrément retrouvé à marcher sur les plates-bandes de la mélenchonsphère. Son logo est on ne peut plus explicite : l’Etat d’Israël a été entièrement rayé de la carte de la Palestine. Voici en exclusivité quelques extraits des échanges téléphoniques entre les deux chefs de parti :

- (Mélenchon) Nous nous battons du même côté.  

- (Azergui) Je le crois vraiment et sachez que nous apprécions votre engagement en faveur de la cause palestinienne.

- (Mélenchon) Ce n’est pas de la vantardise mais les miens ne laissent rien passer. Nous sommes sur tous les fronts. Nous excitons les manifestants, matraquons en permanence les médias avec les mots « génocide » et « carnage », sans oublier que nous traitons de fascistes tous les défenseurs d’Israël. Bientôt un amphi Yahya Sinwar à Science Po grâce à nous.

- (Azergui) Je ne conteste rien.

- (Mélenchon) Dans ces conditions, pourquoi nous faire de l’ombre ? Vous allez briser notre envol.


Arrêt du magnéto. Naguib Azergui n’est pas réellement un innovateur puisque 20 ans avant lui, une liste Europalestine s’était déjà présentée aux élections européennes – obtenant 1,83% des voix en Ile-de-France. Elle poursuivit son chemin jusqu’aux élections législatives de 2007 avant de passer le relais au Parti antisioniste, créé en 2009, qui dut se contenter de 1,3 % aux élections européennes la même année toujours en Ile-de-France. Reprenons la discussion.  

- (Azergui) C’est simple. Vous demeurez trop modérés à notre goût.

- (Mélenchon) Modérés ? Nous ? Vous n’avez pas honte. J’ai accusé les organisations juives françaises d’avoir provoqué la défaite de notre ami commun, Jérémy Corbin. Je tiens plus généralement les sionistes pour responsables du réchauffement climatique et du vol du vase de Soissons…

- (Azergui) Ne vous emportez pas, Monsieur Mélenchon. C’est vrai finalement que vous êtes un peu soupe-au-lait... Le mot était mal choisi, veuillez m’en excuser. J’aurais dû parler d’ambiguïté.  

- (Mélenchon) Moi, ambigu ?


Appuyons une nouvelle fois sur la touche « off ». La violence des thèses du Parti antisioniste a précipité sa fermeture en 2019 sans susciter d’énorme scandale. Elles sont allègrement reprises aujourd’hui dans les rues par les étudiants. Quant aux pisse-froids qui relèvent les paroles prononcées par les manifestants, ils sont perçus comme de purs liberticides. Bouton « on » à nouveau.  

- (Azergui) Vous n’avez toujours pas écarté la solution à deux Etats de votre programme électoral, par exemple.

- (Mélenchon) Ne comprenez-vous pas qu’avec le retour des réfugiés palestiniens, les deux Etats qui apporteront la stabilité à la région seront arabes ? Les Juifs qui resteront en Israël devront être discrets. Rassurez-vous, avec moi, le « peuple élu » est en ballotage… et très défavorable.  

- (Azergui) Désolé, ce n’est pas assez… Et puis c’est bien de soutenir les femmes portant le voile mais mal de supporter les êtres à voile et à vapeur… Nous maintenons notre liste.

- (Mélenchon) Monsieur, je défends les intérêts des musulmans du monde entier. Si vous vous mettez en travers de ma route, ce sera la preuve que vous êtes un islamophobe. Vive Gaza ! Gloire éternelle…

- (Azergui) Moi, islamophobe ? C’est vous qui l’êtes ! De plus, vous essayez de me réduire au silence pour parler à ma place. Comme si j’en étais incapable. Vous n’êtes qu’un sale néo-colonialiste.

 
 
 

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